Au-delà de l’âge : comprendre les origines multiples de la perte auditive

28 septembre 2025

La perte d’audition : un phénomène répandu, mais complexe

La perte d’audition, ou déficience auditive, concerne aujourd’hui près de 7 millions de personnes en France selon l’Inserm (source : Inserm, 2022). Nous avons tous en tête l’image des personnes âgées équipées d’aides auditives, mais la réalité est plus nuancée. De nombreux adultes actifs, adolescents, voire enfants sont aussi concernés. La perte auditive n’est pas qu’une question d’âge. Pour bien accompagner ou prévenir, il est essentiel de comprendre ce qui la provoque vraiment.

Presbyacousie : le vieillissement, une cause fréquente mais pas unique

Ce que dit la science sur l’âge et l’audition

La presbyacousie désigne la baisse progressive de l’audition liée à l’âge. Selon la DREES (Étude Santé Auditive, 2021), un tiers des plus de 65 ans souffrent d’un trouble auditif (modéré à sévère). En Haute-Savoie, les consultations spécialisées confirment cette tendance : plus de 45 % des personnes suivies en audioprothèse ont plus de 60 ans (source : Observatoire régional Auvergne-Rhône-Alpes, 2023).

Mais alors, l’âge serait-il vraiment la cause principale ? Oui… Mais seulement à partir d’un certain seuil : après 55-60 ans, les cellules sensorielles de l’oreille interne (cellules ciliées) s’altèrent naturellement. Cette altération touche surtout les sons aigus ; c’est pourquoi entendre les voix aiguës ou plusieurs personnes dans le bruit devient difficile avec l’âge.

  • La presbyacousie est progressive, indolore et irréversible ;
  • Elle touche surtout les fréquences élevées ;
  • Elle est accentuée chez les hommes (DREES, 2021).

Les autres causes majeures de la perte d’audition

Si le vieillissement est déterminant, de multiples autres facteurs peuvent altérer l’audition, parfois très tôt dans la vie. En connaître l’origine, c’est agir plus efficacement.

Exposition au bruit : un facteur aggravant… et évitable

Selon Santé Publique France, 2,5 millions de Français travaillent quotidiennement dans le bruit (2022). L’exposition à un bruit supérieur à 85 dB sur la durée, ou à de brefs sons intenses (concert, explosion), abîme les cellules de l’oreille interne. Cette atteinte, appelée surdité professionnelle, est la deuxième cause de perte auditive après la presbyacousie.

  • 80 % des jeunes de 12-35 ans (monde) s’exposent à des niveaux sonores dangereux lors de loisirs (OMS, World Hearing Day 2024).
  • Un baladeur à volume maximum peut dépasser 100 dB, soit autant qu’une tronçonneuse.
  • Les déficiences auditives liées au bruit touchent de plus en plus tôt, parfois dès 25-30 ans, surtout chez les actifs en usine, BTP, musique ou aviation (ANSES, 2019).

L’origine génétique et les problèmes survenus à la naissance

Les facteurs héréditaires ou certains incidents durant la grossesse (infections, prématurité, maladies génétiques) expliquent 30 à 40 % des surdités de l’enfant (source : Orphanet). Cela inclue :

  • Des maladies génétiques (syndrome de Usher, Pendred, etc.) ;
  • Des anomalies congénitales des oreilles internes ;
  • Une infection maternelle pendant la grossesse : rubéole, cytomégalovirus.

En France, 1 bébé sur 1000 naît avec une surdité neurosensorielle sévère ou profonde (source : Haute Autorité de Santé (HAS), 2014), indépendamment de l’âge des parents.

Médicaments et maladies : des causes sous-estimées

L’ototoxicité est la capacité de certains médicaments – chimiothérapies, antibiotiques puissants (aminosides), anti-inflammatoires non stéroïdiens – à altérer l’audition. Près de 360 médicaments sont référencés comme potentiellement nocifs pour l’oreille (source : Vidal.fr). Les pertes sont parfois réversibles, mais le plus souvent définitives.

D’autres maladies comme la méningite, le diabète (qui multiplie par 2 le risque de surdité prématurée : JAMA : Journal of the American Medical Association, 2008) ou encore les otites chroniques sont aussi en cause, à tous âges.

Traumatismes et accidents

Un choc physique violent sur la tête, une explosion, voire un barotraumatisme (plongée sous-marine, vols en avion) peuvent provoquer une surdité brutale. Cette cause représente 5 à 10 % des nouveaux diagnostics de surdité chez les adultes jeunes, d’après l’AFREPA.

L’âge : un facteur de risque, pas une fatalité

Bien que la perte auditive liée à l’âge soit fréquente, l’âge n’explique pas tout. L’audition peut parfaitement se maintenir de longues années si l’on agit sur les autres facteurs : limitation du bruit, vigilance face aux traitements médicaux, dépistage régulier, et prise en charge rapide d’un trouble auditif.

Quelques repères issus d’études européennes (EuroTrak, 2022) :

  • 12 % des 18-44 ans présentent une perte auditive mesurable (non ressentie)
  • Seuls 40 % des personnes malentendantes âgées utilisent un appareillage auditif ; chez les actifs de moins de 50 ans, c’est moins de 10 %

Cela montre que, même si le risque s’accroît avec l’âge, beaucoup de pertes auditives pourraient être évitées ou mieux compensées avec un repérage précoce.

Comment différencier une perte d’audition liée à l’âge d’une autre cause ?

  • Chez l’adulte jeune (avant 40 ans) : une perte d’audition doit toujours conduire à une exploration médicale approfondie. Les troubles liés à l’âge sont rares avant 50 ans, sauf historique familial lourd.
  • Après 60 ans : la presbyacousie est fréquente, mais il convient tout de même d’écarter d’autres facteurs (bouchon de cérumen, otite, maladie générale, exposition au bruit).
  • Chez l’enfant : la déficience auditive évoque une surdité génétique ou une complication périnatale. Le diagnostic génétique, ORL et parfois auditif régulier est nécessaire.

Le dépistage, outil majeur à tout âge

  • Un test auditif simple, dès les premiers doutes (propos entendus de travers, bruits difficiles à percevoir), permet souvent de différencier troubles liés à l’âge, surdités brusques ou autres causes.
  • Chez l’enfant : le dépistage néonatal systématique a permis d’identifier chaque année environ 1000 cas de surdité congénitale en France (HAS).

En Haute-Savoie : réalités locales et prévention

En Haute-Savoie, le vieillissement de la population concerne fortement les territoires de montagne et les petites villes, où l’accès aux spécialistes peut être plus compliqué. Pourtant, le taux d’équiperment en appareils auditifs a progressé de 50 % en 5 ans (source : URPS : 2023).

La sensibilisation des jeunes reste, elle, plus timide : de nombreux festivals et salles de concert locales proposent maintenant des bouchons auditifs, mais leur utilisation reste minoritaire.

  • Astuces locales pour préserver son audition :
  1. Participer aux campagnes de dépistage organisées par l’ARS ou la Mutualité Française (ex : « Journée Nationale de l’Audition »)
  2. Ne pas hésiter à consulter un audioprothésiste ou un ORL en cas de gêne ; le dépistage est désormais pris en charge pour tous dès 60 ans
  3. S’équiper de bouchons spécialisés pour festivals, bricoleurs ou sports mécaniques (certains sont disponibles gratuitement dans certains lieux de Haute-Savoie)
  4. Sensibiliser les enfants à la protection auditive dans les écoles (plusieurs associations locales proposent des interventions)

Points clés à retenir sur l’âge et la perte auditive

  • L’âge est la cause la plus fréquente, mais pas exclusive, de perte auditive
  • Bruit, maladies, médicaments, facteurs génétiques, accidents : tous peuvent provoquer une surdité, parfois très jeune
  • La prévention porte ses fruits à tout âge
  • Un repérage précoce et une information claire sont essentiels pour limiter l’impact sur la vie sociale, familiale et professionnelle

L’audition évolue au fil des années, mais la perte n’est ni une fatalité, ni uniquement une question de vieillissement. Agir dès les premiers signes, quelle que soit l’étape de la vie, permet de préserver au mieux ses facultés et son autonomie.

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à consulter les ressources locales en Haute-Savoie, à interroger les associations spécialisées, ou à vous renseigner sur les ateliers prévention autour de chez vous. L’information et la vigilance sont de précieux alliés pour tous, à tout âge.

Sources : Inserm, DREES, Santé Publique France, OMS, HAS, EuroTrak 2022, Orphanet, URPS AuRA, Vidal.fr, JAMA, ANSES, Observatoire régional Auvergne-Rhône-Alpes.

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