Surdité brusque : comprendre les origines pour réagir à temps

29 août 2025

Surdité brusque : de quoi s’agit-il exactement ?

La surdité brusque désigne une perte rapide et souvent sévère de l’audition, la plupart du temps sur une seule oreille, survenant en moins de 72 heures. Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé, elle concerne une baisse d’au moins 30 décibels sur trois fréquences consécutives à l’audiogramme (HAS).

Ce trouble concerne environ 5 à 20 personnes sur 100 000 chaque année selon les études européennes, chiffre qui traduit à la fois sa rareté… et la nécessité d’agir vite (Orphanet). Dans la majorité des cas, aucun signe annonciateur. Parfois, un acouphène, une sensation d’oreille bouchée ou des vertiges accompagnent la perte d’audition.

Les causes infectieuses : virus et bactéries en ligne de mire

La recherche médicale s’accorde à dire que les infections virales sont l’une des grandes causes suspectées derrière la surdité brusque. En particulier :

  • Herpès simplex (notamment lors de la réactivation du virus)
  • Virus des oreillons et de la rubéole – plus fréquemment chez les enfants et les jeunes adultes
  • Virus de la grippe, parfois à l’origine de micro-lésions dans l’oreille interne
  • Zona auriculaire (virus varicelle-zona), avec souvent une atteinte douloureuse

Dans de rares cas, des bactéries (meningocoque, pneumocoque…) sont en cause, notamment lors de méningites ou d’otites graves. Certains patients rapportent justement l’apparition de la surdité après un épisode infectieux.

Causes vasculaires : quand l’oreille interne n’est plus irriguée

Moins connu du grand public, le lien entre un caillot sanguin ou une mauvaise circulation et la surdité brusque est pourtant fort. L’oreille interne, organe très sensible, est alimentée par de minuscules vaisseaux. Une interruption, même brève, du flux sanguin peut endommager de façon irréversible les cellules sensorielles.

  • Accident ischémique transitoire (AIT) ou micro-embolies
  • Maladies cardiovasculaires sous-jacentes (hypertension, diabète…)
  • Dysfonctionnement de la coagulation, thromboses

Quelques études suggèrent que jusqu’à 15 % des surdités brusques pourraient avoir une cause vasculaire, surtout chez les plus de 50 ans (Revue Médicale Suisse).

Facteurs immunitaires et inflammatoires

Notre système immunitaire, censé nous protéger, peut aussi se retourner contre l’oreille interne. Les réactions auto-immunes, où le corps attaque ses propres cellules auditives, sont un mécanisme retenu dans certains cas de surdité brusque.

  • Maladies auto-immunes systémiques (polyarthrite rhumatoïde, lupus, maladie de Wegener…)
  • Réactions d’intolérance médicamenteuse ou allergiques sévères
  • Syndromes inflammatoires aigus

La prévalence de ces causes est difficilement chiffrable, mais selon la Société Française d’ORL, le contexte inflammatoire est retrouvé dans environ 5 à 10 % des surdités soudaines (SFORL).

Traumatismes et causes mécaniques : des origines parfois inattendues

Toute agression soudaine sur la tête ou l’oreille peut provoquer une perte d’audition rapide :

  • Traumatismes crâniens (chute, coup direct sur l’oreille…)
  • Barotraumatisme (plongée, aviation, montée rapide en altitude)
  • Exposition à un bruit très intense (explosion, concert, tir…)

En Haute-Savoie, des cas rares de surdités brusques liées à un choc sur les pistes ou lors de sports de montagne ont déjà été recensés (voir témoignages dans Le Parisien).

Surcharges toxiques et médicaments ototoxiques

Certains traitements médicaux peuvent avoir un effet néfaste et soudain sur l’oreille interne, provoquant une surdité qui apparaît du jour au lendemain.

  1. Médicaments ototoxiques :
    • Certains antibiotiques (gentamicine, streptomycine…)
    • Médicaments anticancéreux (cisplatine, carboplatine)
    • Diurétiques puissants en dose élevée
  2. Intoxications aigües :
    • Solvants industriels, produits chimiques respirés ou ingérés
    • Exposition brusque à du monoxyde de carbone

Sans oublier certains compléments alimentaires ou préparations à base de plantes qui peuvent interagir avec les traitements en cours. Rares, ces situations sont néanmoins observées dans les services ORL spécialisés (Ameli.fr).

Lésions tumorales : des tumeurs parfois silencieuses

Plus rarement, la surdité brusque peut révéler une tumeur siégeant près du nerf auditif, comme le +schwannome vestibulaire+ (anciennement appelé neurinome de l’acoustique). Ce type de tumeur, bénigne mais localement envahissante, comprime le nerf auditif et finit par léser l’audition rapidement.

Ces situations représentent moins de 2 % des causes de surdité brusque, mais l’IRM doit toujours être proposée en cas de symptômes persistants, d’acouphènes asymétriques ou de vertiges isolés (Science Direct).

Facteurs de risque : qui est concerné par la surdité soudaine ?

Si la surdité brusque touche tous les âges, la grande majorité des cas survient entre 30 et 60 ans. Quelques facteurs semblent augmenter les risques :

  • Tabagisme
  • Stress chronique ou traumatismes psychologiques récents
  • Facteurs cardiovasculaires : hypertension, diabète, surpoids
  • Antécédents familiaux de surdité
  • Pratique de sports extrêmes de montagne

Néanmoins, dans la moitié des cas, aucune cause définie ne sera retrouvée par le bilan médical : on parle alors de surdité brusque idiopathique.

Signaux à surveiller et réaction à avoir en cas de surdité soudaine

  • Baisse brutale de l’audition sur une oreille (ou les deux, plus rare)
  • Sensation d’oreille bouchée, d’écho ou de bruit inhabituel
  • Acouphènes soudains (sifflements, bourdonnements)
  • Vertiges ou troubles de l’équilibre associés

C’est une urgence médicale : le taux de récupération (partielle ou totale) dépend du délai ! Une étude publiée dans la revue European Archives of Oto-Rhino-Laryngology montre que la prise en charge dans les 48 premières heures offre jusqu’à 60 % de chances de récupération, contre moins de 30 % après une semaine.

Il est donc impératif de contacter rapidement un ORL ou le service d’urgence, surtout si la surdité est accompagnée de vertiges intenses, troubles neurologiques ou maux de tête sévères.

La surdité brusque en Haute-Savoie : chiffres et vigilance locale

En Haute-Savoie comme ailleurs, la surdité brusque reste peu connue du grand public. Pourtant, quelques services d’ORL d’Annecy et de Thonon-les-Bains recensent jusqu’à 25 cas par an sur le département, tous âges confondus (source : réseau ORL local 2023). Les équipes insistent sur l’importance de ne jamais banaliser une perte d’audition, même temporaire.

Pour les habitants de zones de montagne ou les amateurs de sports à sensations (parapente, ski, plongée sous glace…), une éducation à la prévention et à la reconnaissance précoce des signaux est un enjeu fort.

Et après ? Conseils et ressources pour bien s’entourer

  • Prendre note de tous les symptômes, même ceux jugés « anecdotiques », pour aider à l’orientation médicale.
  • Conserver une trace des médicaments pris dans les jours précédents (antibiotiques, traitements nouveaux…)
  • Se tourner vers une association locale de patients pour du soutien moral et la transmission de bonnes adresses.
  • Participer à une réunion d’information ou groupe de parole, disponibles dans certaines structures en Haute-Savoie (ex : Surdi 74, Réseau Surdité Rhône-Alpes).
  • Demander l’avis d’un service spécialisé pour le suivi, même si l’audition revient partiellement : la surveillance reste indispensable.

La surdité brusque, bien que rare, mérite d’être connue pour mieux réagir : les causes en sont multiples, allant du virus au trouble vasculaire, et il est toujours possible d’agir pour maximiser les chances de récupération. Face à l’inattendu, s’informer reste une première étape clé.

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