Dépistage auditif et diagnostic complet : comprendre leur rôle clé dans la prise en charge de la surdité

12 octobre 2025

Le dépistage auditif : un test rapide pour repérer un risque

Le dépistage auditif occupe une place centrale dans la prévention des troubles de l’audition. Son ambition n’est pas de poser un diagnostic définitif, mais d’identifier le plus tôt possible, souvent de manière systématique, des signes pouvant évoquer une déficience auditive. Comment fonctionne-t-il en pratique ? Qui concerne-t-il ? Quels sont ses avantages et ses limites ? Tous ces éléments méritent une attention particulière.

Qu’est-ce qu’un dépistage auditif ?

Le dépistage auditif consiste en une série de tests rapides, très majoritairement automatisés ou standardisés, réalisés à l’échelle de grandes populations : nouveau-nés, enfants scolarisés, personnes âgées… Il intervient :

  • Dans les maternités : Pour les nouveau-nés, le test est proposé depuis 2012 systématiquement à la maternité (source : Ministère de la Santé).
  • Lors de bilans scolaires : Un test d’audition est en principe réalisé à l’entrée en maternelle pour détecter d’éventuelles surdités légères.
  • En entreprise ou chez le médecin généraliste : Chez l’adulte, notamment lors de suivis santé.

L’objectif du dépistage ? Repérer un signe d’appel ou une suspicion de trouble, nécessitant des examens plus approfondis.

Comment se passe un dépistage auditif ?

  • Pour les bébés : Deux méthodes sont principales :
    • Les otoémissions acoustiques (OEA) : un petit embout-émetteur placé dans l’oreille mesure la réponse de la cochlée à un son. Ce test dure moins de 5 minutes, est totalement indolore et ne demande aucune réponse de l’enfant.
    • Les potentiels évoqués auditifs automatisés (PEA-A) : des électrodes posées sur la tête mesurent la réponse du cerveau à des stimuli sonores. Utilisé si le premier test n’est pas concluant.
  • Pour les enfants plus grands et les adultes :
    • Le test consiste souvent à reconnaître ou réagir à des sons envoyés au casque, à différentes fréquences. Il est parfois réalisé en milieu scolaire par l’infirmière.

Le résultat du dépistage se résume en deux possibilités : pas d’anomalie détectée, ou suspicion de trouble nécessitant des investigations complémentaires.

Points forts et points d’attention du dépistage auditif

  • Points forts :
    • Accessibilité : rapide, non invasif, réalisable partout.
    • Détection précoce : permet une orientation rapide en cas de problème, facteur clé pour le développement du langage chez l’enfant (Haute Autorité de Santé).
    • Coût modéré : processus industrialisé mobilisant peu de moyens techniques.
  • Limites :
    • Ne diagnostique pas la surdité, mais indique un éventuel problème.
    • Peut donner de “faux positifs” (problème signalé alors qu’il n’existe pas) ou “faux négatifs” (trouble non détecté).
    • N’identifie pas la cause ni la nature du trouble : surdité de conduction ? Surdité neurosensorielle ? Hypoacousie passagère ?

Le diagnostic complet : établir avec précision la nature et le degré de la perte auditive

Après un dépistage auditif suspect ou devant l’existence de signes d’alerte (retard de langage, souci de communication, antécédents familiaux…), le diagnostic complet représente l’étape incontournable. Il va bien au-delà d’un simple test : il s’agit d’une démarche médicale approfondie visant à comprendre et qualifier exactement le trouble auditif, afin de proposer un accompagnement adapté.

Déroulé du diagnostic complet

  1. Consultation spécialisée : On s’adresse à un médecin ORL (oto-rhino-laryngologiste), parfois à un centre d’audiophonologie pédiatrique, selon l’âge du patient.
  2. Recueil d’informations précises : Historique médical, antécédents familiaux, développement psychomoteur et langagier, exposition à des infections, médicaments ototoxiques…
  3. Examens audiométriques approfondis :
    • Audiométrie tonale : mesure la perception de différents sons purs, de graves à aigus, pour déterminer la courbe audiométrique et le seuil d’audition à chaque fréquence.
    • Audiométrie vocale : teste la compréhension du langage oral dans différentes conditions (parole, bruit de fond, etc.).
    • Tests spécifiques chez le jeune enfant ou le bébé : utilisation de PEA, OEA plus poussés, potentiels évoqués tardifs, audiométrie comportementale…
  4. Examens complémentaires (si besoin) : tympanométrie, imagerie médicale (IRM, scanner), examens génétiques, analyses sanguines selon les hypothèses évoquées.

Chacune de ces étapes vise à établir :

  • Le type de surdité : de transmission, neurosensorielle, mixte.
  • Le degré du déficit : léger, moyen, sévère, profond (source : OMS : seuils en dB HL).
  • L’origine probable : cause congénitale, infection, traumatisme, cause génétique, exposition à certains médicaments…

Les enjeux du diagnostic approfondi

  • Personnalisation du parcours : à chaque situation son projet d’accompagnement (appareillage, implant cochléaire, orthophonie, langue de signes).
  • Recherche des éventuelles maladies associées : Certaines surdités font partie d’un syndrome ou d’un tableau médical plus global (exemple : syndrome de Usher, etc.).
  • Mise en place rapide de l’accompagnement : plus le diagnostic est posé tôt, meilleurs sont les résultats sur le développement du langage, la scolarité, et l’inclusion sociale.

On estime aujourd’hui que 1 à 3 enfants sur 1 000 présentent une surdité permanente à la naissance, et que près de 6 % des enfants dépistés nécessitent ensuite un suivi renforcé (Inserm). Chez les adultes, la presbyacousie concerne près d’une personne sur trois après 65 ans.

Tableau : dépistage vs diagnostic – principales différences

Dépistage auditif Diagnostic complet
Objectif Repérer (sous forme d’alerte) un éventuel trouble auditif Qualifier précisément la nature, l’origine et la sévérité de la surdité
Par qui ? Personnel de maternité, de PMI, infirmière scolaire, médecin généraliste ORL, équipe pluridisciplinaire (audioprothésiste, orthophoniste, généticien…)
Durée Quelques minutes De 30 min à plusieurs consultations, selon la situation
Types de tests Automatisés, de repérage (OEA, tests auditifs simples) Complet : audiométrie, imagerie, génétique, consultation spécialisée
Résultat Normal ou suspect Bilan précis, diagnostic médical
Suite possible Pas de suivi ou orientation vers un spécialiste en cas de doute Plan d’action personnalisé, accompagnement global

Pourquoi distinguer ces deux étapes ? Impacts sur la vie des familles et des personnes concernées

Bien saisir la différence entre dépistage et diagnostic, c’est éviter bien des inquiétudes mal placées, des attentes ou des malentendus. Après un simple dépistage, une suspicion n’est pas un verdict : beaucoup de résultats “anormaux” se révèlent bénins après vérification (bouchon de cérumen, immaturité physiologique du nouveau-né…). Il est toutefois indispensable de ne pas négliger le suivi proposé, pour garantir le meilleur développement possible.

À l’inverse, seul le diagnostic complet permet d’affiner l’accompagnement, de mobiliser les bonnes ressources (aides matérielles, orientations écoles, association locale…) et, si besoin, d’entamer une procédure de reconnaissance auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées).

  • Pour un parent : comprendre ce qu’implique le résultat d’un dépistage aide à tempérer les réactions et à s’orienter vers la bonne prise en charge.
  • Pour un professionnel (enseignant, crèche, assistant familial, etc.) : cette distinction garantit l’alerte sans stigmatiser, et favorise la continuité du parcours de soins.

En Haute-Savoie : ressources locales, acteurs et relais d’information

La Haute-Savoie propose plusieurs structures références, en lien avec le parcours auditif :

  • Centres d’ORL hospitaliers (Annecy, Thonon, Sallanches…)
  • CAMSP (Centres d’Action Médico-Sociale Précoce) pour le suivi précoce en maternité ou petite enfance
  • Association Surdi 74 : soutien, informations, groupes de parole pour familles et personnes concernées
  • PMI (Protection Maternelle et Infantile) : réalise des dépistages auditifs dans les consultations petite enfance

Certaines communes ou écoles proposent également des sensibilisations et ateliers autour de l'audition, pour mieux informer petits et grands sur l'importance d’une prise en charge précoce.

Pour aller plus loin : s’informer, s’entourer, ne pas rester seul

Le parcours autour de la surdité débute souvent par une alerte : dépistage, remarque d’un professionnel ou d’un proche… Cette première étape, aussi anxiogène soit-elle, prend tout son sens si elle s’accompagne d’une démarche posée, d’un dialogue avec des spécialistes et de la mobilisation des bonnes ressources locales. Distinguer dépistage et diagnostic permet, dès le départ, de s’orienter au mieux, d’anticiper les besoins et d’éviter les fausses pistes. En cas de question, les relais associatifs et les professionnels de la région restent des alliés précieux tout au long du parcours.

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